• RIXES A HARREVILLE (deuxième partie)

     Rixes, vols et autres incivilités (2)


     

              Le dernier article relatait le tabassage le 16 janvier 1781 de Nicolas Bas le jeune âgé de 37 ans par son beau-frère François-Etienne Fouriot et un militaire en permission, Germain Maret, après une soirée passablement alcoolisée. Les raisons de cette agression restent inconnues. On sait seulement que François-Etienne avait des griefs envers son beau-frère depuis longtemps. En parcourant les archives, le nom de Nicolas Bas le jeune apparaît à deux reprises en juin et en juillet 1766. L’été fut sans doute chaud pour lui car il s’est trouvé mêlé à deux querelles qui ont vite tourné en rixes.


              Ainsi le 15 juin 1766, il s’en prend à Anne Guilly, femme du maréchal ferrant Nicolas Charles. Ce dernier a fait noter l’incident par le greffier « disant que vers cinque heur du soir le nomé Nicolas Bas le jeune a frapé la famme dusdit charles d’anne guilly qu’il lui a donné un coupt mertrie a lestomas (un coup meurtrier [= un coup qui meurtrit]) et la fais tombé partairre en outre de plusse il a fait des menace au garçon dusdit charle quil le joindere et quil le peres (qu’il le joindrait [= qu’il l’attraperait] et qu’il le paierait [= qu’il lui ferait payer, se vengerait]) et la donné des coupts (et lui a donné des coups [à Anne Guilly]) en presens (en présence) de jean Antoine le jeune et de Raine Gilbert famme de Cherpitel et de Claude Collignon le jeune et la fille de Claude Collignon a vu tombé la ditte famme....


              A ces quatre témoins s’ajoute un cinquième cité un peu plus loin, Nicolas Odinot. On ne connaîtra pas l’épilogue de cette lamentable affaire. Il est vrai qu’on ne dispose que du point de vue du plaignant. Il aurait peut-être été intéressant de connaître celui de Nicolas Bas le jeune.

                     

                                              ________________________



              L’affaire suivante concerne le même personnage. Elle se divise en deux versions. Les protagonistes sont :

    - le clan Fouriot (Jean Fouriot, beau-père de Nicolas Bas, père de François-Etienne mentionné dans le précédent article, et de Jeanne-Françoise femme de Nicolas Bas, Anne Gilbert, femme de Jean Fouriot).

    - le clan Bas (Claude Bas, sa femme Jeanne Prévost et leur fils Nicolas). Ce dernier est l’époux de Jeanne-Françoise  Fouriot depuis 5 mois et une semaine.


    Version n° 1. Elle est portée au greffe le 6 juillet 1766 par Nicolas Bas le jeune, gendre de Jean Fouriot. Ce jour-là, il s’était présenté chez son beau-père pour parler à sa femme (Jeanne-Françoise) qui se trouvait chez ses parents. Il a été accueilli par sa belle-mère Anne Gilbert qui lui a repondus qu’il pouves sen retourner che lui que septes (c’était) une canaille et en meme tens il (elle) sa pr(it) dunne pierre pour en fraper le dit bas la desut (là-dessus) le dit Bas a dit qu’il étté bien douceureux a lui chaque fois depuis quil etté marié avec sa famme fille de jean fouriot –(Jeanne-Françoise était issue d’un premier mariage de Jean Fouriot avec Anne Coudot décédée. Il s’était remarié le 20 janvier 1756)- que chaque fois quil allé la voir et pour lui parler ché son père que ledit fouriot et sa famme ne lui portés que paroles egrés et venimeus (paroles aigres et venimeuses) malgré quil et (ait) bien la soumissions a son bos perre et a la bel merre  dans le meme instant le dit Bas voullut renmener sa fame avec lui la ditte fouriot sa belle merre si a opossée (s’y est opposée)  aux meme moment le dit Bas a repondut qu’il ne seret don (donc) pas maître de sa famme dans l’instans ledit jean fouriot sa presenté et a soufleté et jete parterre par plusieur fois le dit Nicolas Bas [...] et au meme instans la famme du dit fouriot sa sesit (s’est saisie) dune pierre et en na frapé plusieur fois le dit Bas meme le reconduire or (hors) de la cour a coup de pierre ....

              En résumé, Nicolas Bas était venu chercher sa femme chez ses beaux-parents où elle s’était probablement réfugiée. Peut-être subissait-elle des violences de la part de son mari ??  Vu l’accueil qui lui a été réservé, il n’était pas en odeur de sainteté chez sa belle famille. Il s’était fait gifler et jeter à terre par son beau-père et sa belle-mère l’avait accueilli puis chassé à coups de cailloux. Des témoins de la querelle étaient allés prévenir les parents de Nicolas : sont venus avertir ledit Claude Bas et sa famme quon battet et asasinet (qu’on battait et assassinait) leur fils en (au) meme instans la ditte merre etet alle pour en pecher (était allée pour empêcher) le bruis et quandal la ditte (et quant à la dite) fouriot merre sa jeté a la fasse (s’est jetée à la face) de laditte Bas dont le sans coullet (dont le sang coulait) de son visage et de son nes a causse des coupts que la ditte fouriot a donné a la ditte Bas et meme la coiffeur (coiffure) de la ditte Bas toute araché [...] et la ditte Bas ni allet que pour en pecher le bruit et ce quendal (pour empêcher le bruit et scandale) et de peur quon ne donne des mauvet coupts a son fils [il avait 22 ans !!] ...



    Version n° 2. Elle a été portée au greffe par Jean Fouriot : a fait plainte que le dit jour sur environ les 8 heures du soir Claude Bas et Nicolas Bas son fils et la famme de Claude Bas [...] plus d’une heure appres clamé (après avoir clamé) tous les trois appres anne Gilbert famme dudit fouriot et lui avoit dit devant son domisil plusieur injur et sotis odieus (plusieurs injures et sottises odieuses) la famme de claude bas a jeté une pierre a anne gilbert a la tete dont le sans coullet le lon de son corps a linstant en na etté avertir (on a été avertir) le dit fouriot que lon nasasinet ( que l’on assassinait) sa famme le dit fouriot ettent a soupé (étant à souper) che son bos frère a courut pour voir laction claude Bas a donné un souflet aux dit fouriot et appré il a ramassé une pierre pour la jeté aux dit fouriot que si on ne lui a vis pas otté des mains (que si on ne lui avait pas ôté des mains) [...] attendut que la ditte anne gilbert ette incomodé depuis deux moy dune grande infirmité et quel ne peux encor agir a aucunne ouvrage que sept actions fait par (que ces actions faites par) Claude Bas sa fame et son fils et capable [sont capables]  de la faire peutetre mourir [...] en nasurens les susdit actions et coupts (en assurant les susdits actions et coups) donné a la famme dudit fouriot en presence de plus de 60 personnes [ ce qui représentait presque 10% de la population du village !!] que sit il ne sen navé poin trouvé (que s’il ne s’en était point trouvé) petetre que la ditte anne gilbert oret petetre resté morte sur plasse (serait peut-être restée morte sur place) devant son domisille...


              Comme on pouvait s’y attendre, le témoignage de Jean Fouriot diffère radicalement de celui de son gendre. Peu importe de savoir où se situe la vérité, le fait divers est truculent et donne une idée du niveau des rapports parfois tumultueux entre les personnes. Dans les deux versions, on parle de témoins. Ils ont averti des membres des familles de ce qui se passait sans trop chercher à séparer les adversaires. De là se demander dans quelle mesure ils ne soufflaient pas un peu sur les braises pour se divertir et profiter du spectacle et, pourquoi pas,  d’y puiser le miel et le fiel des futures veillées, il n’y a qu’un petit pas ... qu’on évitera de franchir.


                                                          Marcel Frantz .

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